- RENDEZVOUS EXPORT par Wandel DA ROCHA
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Trump frappe le vin français : vers un nouveau mur douanier aux États-Unis
L’administration Trump, de retour aux manettes de Washington, a annoncé l’imposition d’un droit de douane supplémentaire de 30 % sur plusieurs produits agricoles européens, dont les vins français. Entrée en vigueur prévue : le 1er août 2025. Une secousse brutale pour la première destination de nos exportations viticoles.

L’Amérique, cette vitrine convoitée du vin français
Depuis plus d’une décennie, les États-Unis occupent une place singulière dans la cartographie des marchés du vin français : non seulement ils en sont le premier débouché à l’export — avec 2,3 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2024 — mais ils concentrent également plus de 20 % de la valeur totale exportée et 15 % des volumes. Une performance remarquable, portée par le prestige du vin tricolore, une demande structurée autour des AOP et une capacité d’adaptation constante des opérateurs.
C’est dire si l’annonce faite par la nouvelle administration Trump, à la mi-juillet, a provoqué un électrochoc. Le communiqué officiel ne laisse guère de doute : un droit de douane additionnel de 30 % sera appliqué aux vins tranquilles conditionnés, à compter du 1er août. Les vins effervescents et les spiritueux seraient, pour l’heure, épargnés.
Une taxe punitive aux conséquences immédiates
En pratique, cette surtaxe signifie une hausse mécanique des prix sur le marché américain. Pour un vin vendu Ex-Cellar à 8 €, le prix final pourrait grimper de 2 à 3 € supplémentaires une fois la taxe appliquée, sans compter les marges intermédiaires. Face à cette augmentation, les distributeurs américains s’interrogent : absorber le choc ? Répercuter sur le consommateur ? Ou réorienter leurs achats vers des origines plus compétitives, comme l’Argentine, l’Afrique du Sud ou le Chili ?
Certains importateurs ont déjà prévenu : ils suspendront les prochaines commandes ou exigeront des ajustements tarifaires. D’autres accélèrent les expéditions avant la date fatidique. À New York ou San Francisco, l’inquiétude est palpable — et les lignes logistiques s’emballent.
Une filière sous pression, une réponse collective nécessaire
La Fédération des Exportateurs de Vins & Spiritueux (FEVS) s’est exprimée sans détour :
« Ce droit de douane de 30 % menace directement la viabilité de centaines d’entreprises françaises, notamment des maisons moyennes et des domaines familiaux très exposés au marché américain. »
L’Europe, de son côté, dénonce une mesure protectionniste, en contradiction avec les engagements multilatéraux des États-Unis au sein de l’OMC. Mais dans l’immédiat, c’est bien la réactivité des exportateurs qui sera décisive.
Quels leviers pour les opérateurs français ?
D’abord, l’anticipation logistique. Tout envoi effectué avant le 1er août entrera sur le sol américain selon le tarif actuel. Certains chargeurs organisent des expéditions en urgence pour sécuriser leurs stocks sur place.
Ensuite, la négociation commerciale. Il est indispensable de dialoguer avec ses partenaires américains pour définir qui supportera le surcoût — et à quelles conditions.
Enfin, la diversification. Le Canada, fort d’un cadre douanier allégé grâce au CETA, apparaît comme un refuge naturel. En 2024, les exportations françaises de vin y ont atteint 460 millions d’euros, en hausse constante depuis 2017. D’autres marchés — Brésil, Émirats, Corée — offrent également des relais de croissance tangibles.
Agir vite, penser loin
Face à une décision unilatérale aux relents électoralistes, les exportateurs français doivent combiner sang-froid et clairvoyance. Il ne s’agit pas uniquement de limiter les pertes à court terme, mais bien de redessiner leur stratégie nord-américaine, en intégrant cette nouvelle donne.
La guerre tarifaire n’est pas une fatalité. Mais elle impose un surcroît de lucidité, de calcul et d’agilité. Le vin français a surmonté bien des turbulences douanières ; il saura, une fois encore, transformer la contrainte en élan.
En pratique : que faire dès aujourd’hui ?
Accélérez vos expéditions avant le 1er août pour contourner la surtaxe.
Entamez un dialogue stratégique avec vos partenaires américains.
Explorez activement les marchés alternatifs (Canada, Brésil, Asie).
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